La rechute locale peut s’expliquer par l’élimination incomplète de la tumeur lors de la première chirurgie. Cela peut arriver y compris avec une opération qui décrivait soigneusement une résection R-0, à savoir une ablation totale. (FIGURE 6) (L’INTERVENTION CHIRURGICALE)
Si les marges de la tumeur retirée, analysées au microscope, étaient saines, alors pourquoi la tumeur s’est-elle reformée au même endroit?
L’explication réside dans le fait que la tumeur maligne ne grossit pas comme un nodule régulier en ajoutant couche sur couche, comme un oignon. Elle grossit avec de nombreuses ramifications irrégulières sur le contour. Parfois, elles sont très fines et invisibles à l’œil nu, et elles peuvent même échapper à l’observation au microscope. Puisque ces ramifications peuvent s’étendre sur plusieurs centimètres, il est possible que des résidus microscopiques restent sur place même si, «pour être sûrs», on enlève une couche de 1 ou 2 centimètres de tissu sain autour de la tumeur, FIGURE 16.
Un, deux, voire 5 ans après, ces petits résidus de cellules peuvent générer de nouvelles masses tumorales à l’endroit même où la tumeur avait été retirée à l’origine.
En cas de rechute locale, l’espoir de guérison est lié principalement à deux conditions:
- Dans le laps de temps entre la chirurgie sur la tumeur primitive et la rechute, il n’y a pas eu de propagation de métastases à distance. Cela se vérifie tout de suite, dans la mesure du possible, grâce aux examens de stadification (scanner, PET scan, IRM, etc.).
- La récidive locale est limitée et peut donc encore être enlevée. Si le problème est localisé, il devrait toujours être possible de l’enlever, en théorie. Dans les faits malheureusement, c’est impossible dans de nombreux cas, parce que la proximité d’organes vitaux empêche son ablation chirurgicale.
Dans le cas d’une récidive locale sur le sein résiduel opéré bien avant par une mastectomie partielle, on comprend facilement que l’ablation complète du sein résiduel pourra donner de grands espoirs de guérison.
Les cas de cancers du poumon, de l’estomac, de la vessie, de l’utérus, du rectum sont différents. Quoi qu’il en soit, l’ablation de la tumeur primitive avait déjà été réalisée en sacrifiant une grande partie des tissus et des structures voisines, et le plus souvent, la récidive locale ne laisse aucune place à des chirurgies supplémentaires. Il ne sert à rien non plus d’en n’éliminer qu’une partie (appelée résection R-2) FIGURE 6, parce que très vite, la partie de tumeur non retirée se régénèrerait. Parfois, au contraire, cette résection incomplète produit une accélération de la croissance de la tumeur, parce que la coupe du bistouri favorise la libération de nombreux facteurs de croissance de la tumeur.
Consulter des équipes très expertes dans les cas de rechutes locales « difficiles » vaut vraiment la peine. L’enjeu est la possibilité de guérison, même si elle est rare. Les chirurgiens en collaboration avec les radiothérapeutes et les oncologues considèreront toutes les voies possibles pour éliminer entièrement la récidive.
Si ce n’est pas possible, la tumeur ne pourra être contrôlée que temporairement mais malheureusement, elle progressera au fil du temps et se propagera aux autres organes.